Titre: Tangente vers l'est
Auteur: Maylis de Kerangal
Éditeur: Verticales,2011
Présentation: Cette fiction est
inspirée d'une fiction radiophonique intitulée Lignes de fuite,
écrite pour France Culture et diffusée en août 2010. Elle fut
réalisée par Cédric Aussir et était elle même inspirée d'un
voyage dans le transsibérien entre Novossibirsk et Vladivostok
L'histoire: Aliocha, jeune
conscrit russe n'a pu échapper au service militaire.
Il embarque donc à bord du
transsibérien pour rejoindre comme des centaines d'autres sont lieu
d’affectation . Comme ils le redoutent, le train les achemine
vers la Sibérie de sinistre mémoire, « terre de
bannissement et oubliette géante de l'empire tsariste avant de virer
pays du goulag. « Comme tous il a tenté d'y échapper mais
l’exemption est réservée aux fils de familles qui eux peuvent se
payer un faux certificat médical. Sans argent et sans personne pour
veiller sur lui puisque sa mère est morte, il n’a aucune chance
d'obtenir de sursis supplémentaire puisqu'il n'est pas non plus
chargé de famille.
La peur au ventre il va peu à peu
imaginer un stratagème pour s'échapper. La rencontre inopinée
avec une française elle même en fuite loin d'un amour impossible va
lui en donner l'occasion.
Malgré la barrière de la langue,
elle va l'aider à fuir
l'officier qui surveille la troupe de conscrit. A
bord du train les destins d'Hélène et d' Aliocha vont se nouer.
Avis: On se glisse avec aisance
à la suite des fugitifs. L'écriture est fluide et cadencée
comme réglée sur le tempo du train.
Hélène d'abord rétive et méfiante
puis maternelle va peu a peu devenir la complice de l’évasion
presque malgré elle. J’ai aimé la subtilité avec laquelle
l'auteur nous fait partager les pensées et les angoisses d'Aliocha
et d’Hélène.
Le dialogue se tisse à travers les
postures de deux corps, ils ne parlent qu'avec les mains, les
sensations apparaissent d'ailleurs nettement: odeurs, prégnance du
grain et de la couleur de la peau.
Ce huis clos où l'univers feutré
du train est à la fois ventre et prison s'ouvre parfois vers de
rares et formidables trouées de liberté comme par exemple ce
spectacle grandiose du lac Baïkal où les personnages plongent l’œil
vers l'inquiétant mastodonte liquide, ou bien encore la scène
finale où surgit l'océan et son inqualifiable liberté.
Au magnifique voyage connoté que
peuvent suggérer les mots exotiques Oulan-Oude,transsibérien,
Irkoutsk répond cet enferment terrible sous l’œil l'implacable
Letchov, officier chargé de la troupe et des mauvais regards tout
prés à dénoncer, ainsi que la violence des autres garçons,
rustres et frustes qui tentent d'oublier leurs peurs à coup de
poings.
Ce livre est un petit bonheur.
L'histoire est haletante L’écriture accompagne la tension
dramatique. Elle fait alterner de longues phrases presque chantantes,
courant les champs glacés et cliquetant avec d'autres paragraphes
plus calmés par le cadre d'une ponctuation en accalmie syntaxique où
l'espoir fait un instant oublier que le danger rode.
L'écriture de Maylis de Kerangal
est élégante et légère. Autre qualité non négligeable à
mon sens, ce livre est beaucoup plus abordable me semble-t-il que le
précèdent Naissance d'un pont. Pour une première
lecture de cet auteur c'est un roman idéal tout comme Corniche
Kennedy
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