L'homme de Lewis Peter May Prix du Télégramme 2012

Titre: L'homme de Lewis

Auteur: Peter May

Éditeur: Rouergue noir, juin 2011

Sélection du Prix du Télégramme, 2012

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Ce que je retiens de l'histoire:

   La découverte dans une tourbière de l'île de Lewis (Écosse) d'un mort momifié et tatoué d'un portrait d'Elvis Presley voici pour introduire ce puzzle policier haut en couleurs.
Les descriptions soignées de paysages engendrent un récit pittoresque entre chemins creux et vapeurs de whisky(Balvenie DoubleWood les connaisseurs apprécieront). Le voyage qui va entre les îles et la lande balayées par les vents et battues par l'océan furieux présente une parfaite carte postale où faire une agréable balade.

   J'ai bien aimé l'ancrage historique qui étoffe la narration. Dans les années 1950 certains orphelinats écossais multipliaient des pratiques éloignées de toute charité chrétienne. Les prêtres venaient prendre les enfants( dont certains d'ailleurs avaient encore leurs familles) pour les placer dans des familles des îles Hébrides. Ces enfants appelés des « Homers » fournissaient ainsi une main d'œuvre docile apportant du sang neuf sur ces îles touchées par la consanguinité. Ainsi nous suivons le destin de quelques-uns des personnages dont le sort n'est pas plus enviable que celui d' esclaves. L'ambiance des orphelinats est d'ailleurs à l'avenant : directeur pervers, bandes d'enfants sadiques s'adonnant à une véritable guerre des gangs, prêtres pédophiles.

   La persistance de toutes les rivalités inextinguibles entre catholiques et protestants anime quelques rancœurs tenaces. On associe souvent cette lutte fratricide à l'Irlande et c'est moins courant et d'autant intéressant qu'elle se situe ici en Écosse.

 Personnage énigmatique mais néanmoins attachant, Tormod Macdonald vieillard atteint de sénilité mène un combat désespère pour arracher aux brumes de l'oubli des bribes de son passé. La composition du roman s’appuie sur l’alternance entre les chapitres consacrés à l'enquête menée par Fin et les chapitres où nous suivons la pensée de Tormod Macdonald s'inscrivant en contre-point à l'enquête de Fin Macleod .

   J'ai bien aimé les couples père fille et celui des deux frères. J'ai été un peu moins convaincu par le duo Donald Murray et Fin Macleod avec une rivalité un peu trop stéréotypée. J'ai pensé au capitaine Haddock et à ses colères qui se règlent autour d'un verre de whisky. J'ai trouvé les dialogues un peu bâclés sur la fin mais dans l'ensemble c'est un bon policier ethnographique qui convient à un large public. Il constitue le deuxième volet de la trilogie écossaise,après L'île des chasseurs d'oiseaux ( lauréat 2011 du Prix Cezam.). Le troisième tome « The Chess men » est déjà écrit, mais il faudra encore patienter jusqu'en octobre prochain date de sa parution pour découvrir son titre en Français.

A propos de l'auteur: 

  Dans un article du journal Le Télégramme du 24 mars 2012, au cours d'un entretien accordé par Peter May à Delphine Tanguy, l'ancien journaliste et scénariste  explique qu'il habite le Sud-Ouest de la France depuis plus de trente ans et qu'il s'est déjà inspiré de cette région pour y situer une série policière publiée aux États Unis. Le personnage principale, un écossais vivant à Cahors est un ancien expert médico-légal qui résout sept crimes des plus célèbres en utilisant les toutes dernières techniques scientifiques.

 Qui sait, peut-être qu'un jour allons nous lire ces aventures si le succès des derniers romans de l'auteur  inspire les éditeurs français...