samedi 17 mars 2012

Une anglaise à bicyclette de Didier Decoin-Prix Télégramme 2012

 Titre: Une anglaise à bicyclette
Auteur: Didier Decoin, juillet 2011
Éditeur: Stock
J'étais dubitative en entamant ce livre. Prix  Goncourt en 1977, la bibliographie et scénographie de Didier Decoin, écrivain scénariste sont consistantes! Ce type de littérature dite "romanesque" ne m’attire pas trop d'habitudeCependant l'obligation professionnelle m'enjoignait d'enfourcher cette "Anglaise à bicyclette". Je m'attelais donc à ces  374 pages pas  si indigestes que je  le craignais finalement. L'évocation historique  n'est pas aussi fluide que par exemple celle  de Prodigieuse créatures roman de Tracy Chevalier qui se déroule à peu prés à la même époque, cependant j'ai apprécié d'apprendre une foule de petites choses de façon assez ludique. L'histoire débute  par le récit d'une tragédie. Nous sommes en   1890 dans le Dakota du Sud pendant le massacre de  Wounded Knee où plusieurs centaines d'indiens de la tribu des Lakotas furent tués par l'armée  des États-Unis. Ehawee fillette d'à peine 4 ans dont les parents viennent d'être tués là  est recueillie par Jayson Flannery . Ce photographe anglais  venu sur place pour réaliser quelques portraits de vieilles femmes Lakotas se voit obligé de photographier les militaires meurtriers du 7e de cavalerie. Se rendant ensuite à l'église épiscopale le révèrent Cook lui demande de  déposer Ehawee dans un orphelinat à New York sur le chemin de son retour pour l' Angleterre. Les environs ne sont en effet pas très sûrs pour cette petite fille orpheline Lakota entre fermiers américains revanchards et population indienne à la dérive.  La cohabitation commence péniblement lorsqu'ils montent ensemble dans le train, la fillette est terrorisée à tel point qu'elle pense qu'il va la tuer pour la dévorer. A son arrivée il ne pourra cependant se  résoudre à abandonner cette "frimousse de lune". La lecture de Une étude en rouge    de Conan Doyle va contribuer à infléchir sa décision. Le récit est contemporain de cet auteur qui apparait d'ailleurs comme personnage du roman. Pour Jayson  la lecture de ce texte a valeur de prophétie car sa défunte femme l'appréciait beaucoup. Il adopte Ehawee qu'il  rebaptise Emily, le premier nom à consonance anglaise qui lui passe par la tête et embarque avec elle pour l'Europe. Arrivé à Chippingham dans son manoir du Yorkshire, Jahson fera tout pour surmonter les obstacles et offrir une deuxième vie à Emily.
 Tout d'abord la protéger de la suspicion locale et des questions de Tredwell le constable. L’intégration d'Emily sera parfaite, elle deviendra une jeune  anglaise éduquée puisque son tuteur lui achètera sa place au collège. Cependant cette belle jeune femme aux  yeux  noirs et au teint bistre continue d'éveiller la curiosité même si Jayson l'a depuis toujours présentée comme la fille d’Immigrants Irlandais  trop pauvres pour l'élever eux mêmes. C’est notamment l'époque  de  La British Brother's League une ligue antisémite qui voyait l’étranger comme  répugnant d'une manière générale et où le parlement  vote L'Aliens Act destiné à limiter l'immigration. Même si le texte vise d'abord les juifs d'Europe centrale et orientale il peut cependant être appliqué à  tout étranger. Or Emily   ne possède pas de passeport ... L'arrière plan social du roman illustre certains aspects de l'époque victorienne avec la remise en question du statut de la femme en particulier. C'est un temps où on  voit plusieurs mouvements apparaitre comme par exemple ceux des ligues de suffragettes, en particulier le WSPU (women's Social and political Union) réclamant le droit de vote pour les femmes ainsi que le droit à l'éducation. L'auteur invente le personnage du Docteur Lefferts, notable benêt petit bourgeois bienpensant mais à morale de géométrie variable ( il était l'amant de la femme de Jayson) et soutenant les théories les plus farfelues sur les femmes et le sport. Car en effet un jour Jayson offrira une bicyclette à Emily, cadeau qui changera sa vie en lui permettant de sillonner les routes et de partir à la découverte de nouveaux horizons en toute liberté. Bref un peu d'histoire, un peu de romance et du merveilleux (même si ce dernier aspect est l'un des moins convainquant) patiné d'histoire du féminisme,je me suis prise au jeu de cette lecture très distractive et qui à une place légitime en bibliothèque. J'ai déjà en tête une foule de noms de lecteurs dont ce roman fera le bonheur. On peut également faire des parallèles intéressants avec les questions contemporaines concernant l’immigration, les étrangers et les femmes.

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