mardi 5 mai 2015

Trois fois dès l'aube d'Alessandro Baricco

Le dernier roman d'Alessandro Baricco s'intitule Trois fois dès l'aube.

Dans une note préliminaire, l'auteur explique que dans son précédent roman , Mr Gwyn, « il est question, à un moment donné, d'un petit livre écrit par … Akash Narayan et intitulé Trois fois dès l'aube. Il s'agit d'un livre imaginaire... l'envie m'est venue d'écrire aussi ce petit livre...tout le monde peut le lire, même ceux qui n'ont jamais eu dans les mains Mr Gwyn. »

La dédicace énigmatiquement dédiée à Catherine de Médicis et au génie de Camden Town.

Le livre décrit «deux personnages qui se rencontrent à trois reprises, mais chaque rencontre est à la fois l'unique, la première, et la dernière. Ils peuvent le faire parce qu'ils vivent dans un Temps anormal qu'il serait vain de chercher dans l'expérience quotidienne.»

Plutôt que de chercher à tout comprendre, il faut se laisser porter par l'écriture d'Alessandro Baricco, comme on embarque sur un bateau dont on ne connaît pas vraiment la destination mais sachant que la traversée sera emplie de délices et de surprises.


Tous les récits sont nocturnes et se déroulent notamment dans un hôtel. Ils s'achèvent à l'aube. A chaque fois les deux personnages principaux traversent des périodes tourmentées de leurs vies.

L'alchimie de l'écriture transcende ces expériences ordinaires en une relation poétiquement exceptionnelle et signifiante. Le premier volet de l'histoire met en scène un client qui dirige une usine de production de balances. Il est abordé et retardé par une femme en robe du soir dans le hall de l’hôtel au moment où il s’apprête à partir pour signer un important contrat.

 Dans le deuxième, un dialogue s'instaure entre le portier de l’hôtel et la jeune Marie venue avec son compagnon Mike beaucoup plus âgé qu'elle. Le vieux portier va s’émouvoir devant la jeune fille aux belles manières qu'il trouve mal-assortie à son compagnon violent et vulgaire.

 Dans le troisième récit, une commissaire assure sa dernière mission avant sa retraite. Malgré les rappels à l'ordre de ces collègues, elle n'a pas le cœur de laisser Malcolme jeune adolescent de 13 ans, dont les parents viennent de mourir dans un incendie, dans la sordide chambre d’hôtel où il est censé passer la nuit en attendant son oncle.

 La commissaire veut l'emmener dans un des endroits qu'elle juge « le plus beau du monde.»


Voici une splendide histoire en forme d’huis clos et assez énigmatique.Elle me fait penser aux perspectives impossibles du peintre Escher. On éprouve le besoin d'en reprendre la lecture aussitôt le livre achevé, pour tenter d'identifier les personnages pris à des moments divers de leurs vies. Ainsi on perçoit les choses d'une manière différente au cours de cette deuxième lecture.



Extraits

«Ainsi il fallait se méfier de la méchanceté qui semble être un luxe qu'on peut se permettre, quand on est jeune, car la vérité est tout autre; la méchanceté est une lumière froide dans laquelle les choses perdent leurs couleurs, et ce définitivement.»


« La femme le vit tout petit, au milieu de cet horizon d'herbe et de maisons lointaines, elle sentit son cœur se serrer sans comprendre, tellement il était difficile de distinguer la saveur du regret de la douce sensation d'avoir fait quelque chose de bien, au fond tu n'es peut-être pas la bonne à rien que tu crois, se dit-elle. Et elle repensa brièvement à cette audace flamboyante qu'elle avait jeune fille, alors qu'elle se savait ni meilleure ni pire que les autres, juste différente, d'une manière précieuse et inévitable »

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