jeudi 11 avril 2013

Une seconde vie de Dermot Bolger


Je continue aujourd'hui mes chroniques sur la sélection du Prix cezam 2013 avec ce quatrième livre et non le moindre. Une seconde vie de Dermot Bolger publié aux éditions Joëlle Losfeld en  septembre 2012 et traduit de l'anglais (Irlande) par Marie-Hélène Dumas
Le roman est précédé d'une note de l'auteur où il évoque le thème central du livre : l'adoption ainsi que ses sources d'inspiration et le contexte de l’œuvre. Il s'agit de la réécriture d'un roman dont la première version fut publiée en 1994 et dédié à la mémoire de Bernie sa femme, décédée aujourd'hui et à qui il était toujours impatient  de relire ses textes.Même si l'auteur précise qu'il ne s'agit pas vraiment d'un roman inspiré de sa propre vie, il devait cependant y tenir beaucoup pour en proposer une nouvelle version!
Voici l'histoire de deux destins parallèles autour de la quête d'identité ainsi que de l'impossible résilience d'une jeune femme traumatisée à vie d'avoir du abandonner son enfant à la naissance.Cela se déroule entre l' Irlande et l' Angleterre et sur trois époques : le 18ème siècle, les années 50 et aujourd'hui.
Tout commence par une expérience singulière vécue par Sean Blake photographe d'une quarantaine d'année dont la voiture s'écrase contre un bus et qui est déclaré cliniquement mort pendant quelques secondes.
Il voit avec indifférence son corps allongé sur le sol ainsi que les ambulanciers qui essaient frénétiquement de le ranimer, tout en se sentant planer au-dessus de la scène de l'accident.


Bientôt il perçoit la lumière éclatante d'une sorte de lune blanche et plusieurs formes dont certaines prennent l'aspect de visages connus : grand-père et père qui lui souhaitent la bienvenue. Il éprouve une profonde béatitude, se sentant libre et léger. Pourtant un jeune homme à l'air peu avenant lui barre le passage et l'oblige à réintégrer son enveloppe corporelle et ses douleurs. Ce retour à la vie va ouvrir une brèche et profondément bouleverser le quotidien de ce père de famille. Il éprouve un sentiment « de dislocation intérieure » comme si son ancienne vie ne correspondait plus à ce qu'il était devenu depuis son accident. Pour tenter de retrouver sa sérénité perdue il va essayer de résoudre les questions qui le hantent désormais.
Depuis ses 11 ans il sait qu'il a été adopté, il va donc partir en quête de cette mère dont il ignore tout.


Il se questionne également à propos de certains souvenirs très étranges qui ne correspondent à aucune réalité identifiable, comme s'ils étaient ceux de quelqu'un d'autre, il y a aussi le visage de jeune homme qui lui est apparu pendant l'accident et qui le hante à chaque fois qu'il sombre dans le sommeil comme s'il voulait lui transmettre un message.
Au même moment à Londres une femme entend un bruit de tolles froissées . C'est Elisabeth une vieille femme que l'on croit folle. En effet elle disparaît souvent et ses enfants la retrouvent déambulant dans la rue. Elle est obsédée depuis toujours par l'idée de retrouver son fils qui lui a été enlevé à la naissance par les sœurs de l'orphelinat où elle venait d'accoucher. Dans ses rêves il l'aborde dans la rue pour lui demander son chemin. Elle vit ce rêve comme une prophétie étant persuadée qu'un jour elle le retrouvera. C'est la raison pour laquelle elle s'absente pendant des heures sous n'importe quel prétexte.
Le roman ménage plusieurs surprises. La quête de Sean le personnage principal l’amène à remonter parfois très loin dans le passé. Ce roman présente une étude psychologique assez élaborée ainsi qu'une interrogation sur l'histoire Irlandaise récente où les esprits sont corsetés par une église oppressive .Dans les années 40 les religieuses étaient subventionnées par le gouvernement qui versait une prime pour chacun des enfants abandonnés qu'elles recueillaient.


A l'époque un père ou une mère pouvaient laisser un rejeton à la porte d'un couvent et l'abandonner sans que personne ne s'en offusque. La force du roman est de rappeler que la violence n'était pas seulement le fait de l'Eglise mais qu'elle avait également la collaboration de toute une société notamment de la sphère familiale gangrenée par l'hypocrisie. J'ai passé un trés bon moment à la lecture de ce roman même s'il ne s'agit pas là d'un coup de coeur.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :


1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessous
2) En dessous de Sélectionner le profil, cocher Nom/URL
3) Saisir votre nom (ou pseudo) après l'intitulé Nom
4) Cliquer sur Publier commentaire


Voilà : c'est fait.
Et merci beaucoup d'avoir pris la peine de m'écrire !!!!

Traduire ce blog en choisissant votre langue en dessous