Le premier été d'Anne Percin

Voici mon premier coup de cœur parmi les romans de la rentrée littéraire. Cette histoire de 162 pages est parue en août dernier aux éditions du Rouergue.Il s'agit du récit de Catherine,venue avec sa sœur pour vider la maison de leurs  grands-parents décédés. Les objets  ressuscitent les souvenirs brulants. Petit à petit elle raconte dans un long monologue adressé à sa sœur, pourquoi elle s'est tenue éloignée du village depuis l'été de ses seize ans? Tout à changé cet été là.Elle va dévoiler le terrible secret qui  tenaille sa vie depuis lors. J'ai beaucoup apprécié ce roman tout-d'abord pour la beauté de écriture.L'émotion y est vibrante. Le style  précis et dense  cerne au plus proche  les évènements, les sentiments , leurs forces et leurs complexités.Nous avançons dans l'histoire de sidération en sidération! Aucune sensiblerie ici mais une narration percutante et acérée grâce au travail de l'auteur et à l'intelligence subtile du récit. Au travers de l'expérience  d'une irrésistible sensualité  et sous l'emprise du  conformisme social, Catherine va perdre le monde de l' enfance. Confrontée à la peur à la honte , elle va se taire pour se plier au dictat  des conventions imbéciles  du groupes d'adolescents.En faisant l'apprentissage des mots meurtriers,elle va se renier jusqu'au plus profond et voir basculer son rapport  à l'autre et au monde.Ce récit est celui d'une parole qui chemine vers sa libération.Je conseille donc chaleureusement cette lecture. Le roman se lit sans aucune difficulté mais gageons qu'il agira comme " poil à gratté" sur les esprits qui se disent "normaux".

Citation:"A partir de cet instant, je deviens sale et ignoble, je deviens une personne normale, je bascule du bon côté et je ne me le pardonnerai jamais."

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