mercredi 8 juillet 2015

Vernon Subutex 2 Virginie Despentes

Coup de cœur



Vernon Subutex. Tome 2 de Virginie Despentes chez Grasset


Vernon est désormais SDF à la butte Bergeyre  une colline à l'ouest du parc des Buttes-Chaumont. La vie de rue fait son effet. La moindre cicatrice gonfle et s'infecte, ses vêtements empestent, son corps est pesant, il rêve d'un lit d'un bain chaud.

Son esprit affaibli après une forte fièvre est habité par une sensation de vide. Parfois il a des absences qui produisent en lui d’étranges sensations. «  Il part en vrille. Les nuages ont un son, l'air contre sa peau est plus doux qu'un tissus, la nuit a une odeur, la ville s'adresse à lui et il en déchiffre le murmure qui monte et l'englobe à l’intérieur et il plane. Il ne sait pas combien de temps cette folie douce l'emporte, à chaque fois. » Accompagné de Charles un gagnant du loto, alcoolique et deux autres SDF, Olga et Laurent, il se remet doucement du traumatisme subi de l'agression par le groupe d’extrême droite.

 De son côté Emilie réalise qu'elle est en possession du sac de Vernon qui dort sous son lit. Ce sac fait l'objet de toutes les convoitises car il contient les fameuses cassettes enregistrées par la rock star et ami de Vernon un soir de beuverie où Alex livre ses confessions. Celles-ci font trembler le producteur Laurent Dopalet qui y est mis en cause. Emilie est approchée par Pamela Kent qui lui demande de lui confier les cassettes, ce qu'elle refuse.

 Peu de temps après Emilie trouve sa porte fracturée et les cassettes volées. La Hyène qui travaille pour Dopalet s'est emparées des cassettes mais contrairement à ce qu'on pourrait attendre, elle ne téléphone pas immédiatement à Dopalet car d'autres projets germent dans sa tête...

Nous allons bientôt retrouver toute la bande d'anciens copains( y compris Xavier qui n'est plus dans le coma) qui vont bientôt se réunirent et qui sont toujours sur les traces de Vernon Subutex qui ignore encore combien les cassettes sont convoitées.

Mon avis:

Ce deuxième tome est trépident. L'intrigue claque. Les points de vue se multiplient et offrent une vision kaléidoscopique de l'histoire à travers les réflexions et sentiments des différents personnages.

Encore une fois c'est passionnant et fort d'un bout à l'autre et pour moi c'est la première fois que je lis un roman dont le héros est un SDF. Ce qui à ma connaissance n'est pas très fréquent. Ils sont pourtant de plus en plus nombreux mais peu présents dans la littérature.
Belles histoires de paumés qui ont des étoiles dans la tête. Cette série fait beaucoup de bien, car personne d'autre ne peut écrire et dire ces choses là. Il ne me reste plus qu'à attendre le troisième volet. Un grand plaisir de lecture, peut-être encore meilleur que le premier volet. Touchant, intelligent, inattendu, d'une grande humanité. Génial! 



Extrait :


« Il attrape un journal abandonné sur une table voisine. « Le résultat des élections en Italie inquiète les marchés financiers. » Une giclée de colère à l’arrière du cortex, telle une langue de goudron brûlant. Comment osent-ils imprimer ça. On visse dans les cerveaux cette idée de la dette, aucun journaliste ne fait son travail : raconter ce qui se passe vraiment. Marquer la différence entre dette publique et dette privée,raconter l'histoire dans sa complexité- appeler un chat un chat, les riches ont déclarés la guerre au monde.

 Pas seulement aux pauvres, à la planète. Et avec l'appui complaisant des médias, on prépare l’opinion aux reformes sauvages. Çà le rend fou. Devant les casiers de tri , le matin, les gamins n'ont que le front national à la bouche. Çà se distille par bribe, «  Marine a raison sur l'Euro, on s'est bien fait avoir », comme si elle ne faisait pas partie du sérail. Çà ne les choquent pas de voir l'élite s’accommoder du Front National avec tant de facilité. «  On est chez nous quand même. »qu'ils disent. Chez nous. Au centre de tri ou il est en CDD,ils les font commencer à 4 heure 20 le matin, pour ne pas avoir à les traiter au régime de nuit.La « fonction publique », « chez-nous », en est là.

 Dans la fonction publique, c'est comme ailleurs : tout pour les cadres.Il a fallu en nommer de plus en plus, les payer de mieux en mieux, accumuler les privilèges, et tout ce qui leur a été octroyé a été volé aux agents d'en bas. Ceux qui font vraiment le travail. Bougres d’imbéciles, comment peuvent-ils ne pas comprendre qu'on les montent les uns contre les autres., quand on les chauffe à blanc pour qu'ils cognent sur leurs voisins de paliers ?

 Les banques vident les caisses de l’État sous prétexte qu'elles ont fait des conneries, on collectivise leurs déficits, on privatise leurs bénéfices, et ces connards de citoyens réclament une raclée pour les Roms. »

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