Voici l'histoire de Lorenzo un enfant perturbé et très solitaire, au grand désespoir de sa mère qui l'oblige d'ailleurs à consulter un psychologue
« J'ai parlé à trois ans et bavarder n'a jamais été mon fort » Déclare-t-il. Pour donner le change, il raconte aux adultes ce qu'ils veulent entendre pour avoir la paix. Ainsi dans le cabinet du docteur il se souvient « qu'il racontait un autre Lorenzo qui avait honte de parler avec les autres mais qui voulait être comme les autres et qu'il adorait faire semblant d'aimer les autres »
Pour une raison que nous allons entrevoir à la fin du roman, il n'arrive tout simplement pas à s’intégrer semblant totalement dépourvu d'empathie pour les autres. « Pour lui, tout ce qui est en dehors de son cercle affectif n'existe pas...Il croit qu'il est spécial et que seules des personnes comme lui peuvent le comprendre » C'est du-moins la conclusion que tire le médecin qui le reçoit.
Si un camarade le contrarie, soit il pique de violentes crises de colère jetant tout ce qui lui tombe sous la main soit, il s'en prend à lui. Parfaitement à l'aise entre les quatre murs de sa chambre, fréquenter l’école est pour lui une torture. Sa maîtresse constate « On dirait quelqu'un qui est à la gare et qui attend le train qui va le ramener chez lui » Quoi qu'il arrive, il ressent la présence de l'autre , exception faite du cercle familial comme une menace ce qui déclenche des crises d’angoisse allant parfois jusqu'à l'évanouissement lorsque la pression est trop forte. En grandissant il fréquente le lycée mais là encore il ne se sent aucun point commun avec les jeunes de son âge. Il poursuit pourtant sa scolarité dans un lycée privé puis public selon le désir de son père ce qui est pour lui « comme l'enfer sur terre » Doté d'un esprit vif et d'une grande intelligence, il met vite en œuvre une stratégie pour éviter d'être leur souffre douleur.
Il s’ingénie à leur ressembler en empruntant aux insectes leur tactique mimétique pour survivre dans ce milieu hostile. Ainsi il adopte leur tenue vestimentaire, leur comportement pour se fondre dans la masse. Un jour le ronron déraille lorsque, surprenant une conversation entre quatre jeunes eux aussi un peu différents et qui à ce titre retiennent son intérêt. Ceux-ci projettent une sortie en commun à la neige. De retour chez lui, pris d'une impulsion, il ment à sa mère en lui racontant qu'il est invité à la neige par Alessia Roncato qui n'est autre que le chef de la bande de ce petit cercle dont il est secrètement amoureux sans se l'avouer. C'est la plus belle fille du lycée et il dit qu'elle n'essayait pas de ressembler à quelqu'un d'autre mais qu'elle est tout simplement elle même. Devant la joie de sa mère qui désespérait de le voir un jour fréquenter d'autres jeunes, il n'a pas le courage de revenir sur son mensonge et d'avouer la vérité. Et se cache pendant toute la semaine dans la cave de son immeuble. Mais un soir, sa demi sœur Olivia qu'il connaît très peu, découvre sa cachette et l'oblige à l’héberger n'ayant aucun autre lieu pour passer la nuit. Comme il refuse, elle le menace de tout révéler. Le roman nous raconte ce tête à tête de quelques jours durant lesquels Lorenzo va se révéler à lui même et réapprendre à s'ouvrir à l'autre.
J'avais découvert ce romancier avec son roman Je n'ai pas peur. Encore un fois, voici un roman initiatique. Ici c'est un superbe couple frère sœur. Très riche, il joue sur tous les tons. L'humour un peu vachard de l'adolescent Lorenzo et le regard narquois qu'il porte sur le monde et sur lui ( il se désigne lui-même comme « la mouche ») le désarroi et la tendresse qui bouillonnent sous la carapace qu'il s'est construite.
Un superbe roman et un coup de cœur.
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Toi et moi de Niccolo Ammaniti, éditions Robert Laffont,août 2012
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Né en 1966 à Rome, après des études abrégées de biologie, Niccolò Ammaniti, jeune prodige de la littérature italienne, publie un premier roman,Branchies, très rapidement adapté au cinéma, de même que l'une de ses nouvelles, « Seratina », extraite du recueil Dernier Réveillon (interprétée notamment par Monica Bellucci). Le best-seller Je n'ai pas peur reçoit en 2001 le prix Viareggio, l'un des plus grands prix littéraires en Italie et est adapté au cinéma en 2003 par Gabriele Salvatores.
Sources: http://www.laffont.fr/site
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