jeudi 7 mars 2013

Le dernier lapon d'Olivier Truc

Le dernier lapon d'Olivier Truc
publié aux éditions Métailié,septembre 2012

Le dernier Lapon  premier roman est un coup de maître et commence à faire le "buzz" dans le petit monde des bibliothécaires averties. Ce policier du journaliste d'Olivier Truc est tout simplement aussi captivant qu' instructif!
Nourri d'une connaissance pointue des terres et de la culture lapone, ce policier ethnographique offre une plongée dépaysante aux pays des rennes et des chamanes. L'auteur est installé à Stockholm depuis 1994 où il est correspondant du Monde et du Point. Vous êtes prêts? Alors partons pour les immensités glacées qui bordent l'océan arctique aux confins de la Norvège de la Suède de la Finlande et de la Russie.
Le roman débute en 1693 où nous assistons à la traque du chamane, Aslak. Celui-ci a tous juste le temps de cacher un mystérieux paquet avant d'être capturé par une foule de paysans menée par un pasteur luthérien.
Carte extraite du roman aux éditions J.P. Métailié.
Source: Le laboratoire Géode de l'Université de Toulouse-Le Mirail
Après un jugement sommaire, celui-ci est condamné à être torturé et brûlé vif. Les rituels chamaniques étaient à l'époque considérés comme de dangereuses superstitions et donc punis de mort. Sur le bûcher de son agonie, il lance cependant un dernier chant pour honorer ses Dieux Lapons.
Ce chant est aussi un message adressé à la postérité en la personne d'un jeune Lapon très attentif et glacé d'horreur mais impuissant devant ce spectacle.
De nos jour en Norvège, un précieux tambour rituel vient d'être dérobé en pleine nuit au musée. Il s'agit d'un tambour qui avait été confié par un guide sami à un des compagnons de Paul-Emile Victor le collectionneur français Henry Mons.
Ce vol va mettre le feu aux poudres entre les tenants des différentes communautés et faire ressurgir d'anciennes haines et de vieilles énigmes.
La petite bourgade de Kautokeino n'est calme qu'en apparence car sur fonds de corruption politique et de lutte fratricide entre tenants du fondamentalisme protestant et activistes lapons, il faudra plus qu'un joik pour résoudre l' affaire. Ce tambour Sami est le premier et seul tambour à avoir réintégré récemment son territoire d'origine.
La majorité des tambours ayant été détruits par le passé notamment par les pasteurs luthériens et les suédois , il n'en reste que quelques exemplaires, 71 disséminés à l'étranger au sein de collections privées, ce dernier est le 72 ème qui réapparaît pour disparaître aussitôt!
Ce vol est vécu comme un drame par la communauté sami qui se bat depuis des années pour que ces tambours reviennent sur la terre de leurs ancêtres.
Cela est d'autant plus fâcheux qu'une conférence  sur les populations autochtones s'annonce et que le gouvernement d'Oslo attend un soutien financier de l'ONU qui en était l'instigatrice.
On presse donc la police de résoudre cette affaire rapidement.
Elle est confiée à Klemet , seul policier de la brigade d'origine lapone et Nina sa partenaire et jeune diplômée originaire du sud de la Scandinavie. Tous deux appartiennent à la brigade des rennes, sorte de police communautaire qui traite le plus souvent d'affaires liées aux conflits entre les éleveurs de rennes.
Ces policiers jouent plutôt le rôle de médiateurs et  sont parfois traités avec mépris et condescendance par d' autres policiers qui traitent eux d' affaires qu'ils jugent plus sérieuses.
C'est le cas de Rolf Brattsen, adjoint du commissaire qui ne rate pas une occasion de  moquer  Klemet en l'affublant de son surnom d'enfant: "'bouboule". Rolf Brattsen  fricote avec le Parti du Progrès,  d’extrême droite qui voit d'un très mauvais œil les revendications de la communauté Sami et son combat pour le droit de la terre. Il complote avec Karl Olsen un riche paysan qui manipule le policier.
Les deux hommes sont également sur la piste du tambour sacré mais pour leur intérêt personnel car on comprend vite qu'ils n'ont aucunement intérêt à ce que les samis et donc la police des rennes récupère le fameux tambour.
Pour eux , une poignée de loqueteux qui "provoquent de l'agitation. Comme les cocos savaient le faire dans le temps". Si les lapons ou Samis sont des nomades et qu' à ce titre ils n'appartiennent à aucune frontière, ils se fédèrent cependant autour d'une culture commune.
Dans les temps anciens, les tambours étaient utilisés par les chamanes lors de transes pour communiquer avec les dieux et les ancêtres, mais ce dernier semble porteur d'autres pouvoirs qui explique qu'il attise tant de convoitises...
Le mystère s’épaissit lorsqu'on retrouve Mattis, un berger alcoolique que Klemet et Nina venaient d'interroger, mort devant son Gumpi, les deux oreilles taillées à la manière de celles d'un renne.


(Quelques images de carte postale de la Laponie que j'ai trouvé sur le site Finlandais de Finnair. )

Dans ce milieu la plupart des paysans entretiennent des troupeaux de rennes qui se déplacent souvent hors des limites du territoire de leur propriétaire. Ainsi on taille les oreilles des bêtes pour marquer leurs appartenances. Les policiers vont interroger petit à petit plusieurs membres de la communauté pour tenter d’éclaircir le mystères Nous allons faire la connaissance d' Olaf Renson, éleveur et militant de la première heure de la cause lapone, surnommé l'espagnol parce qu’il a « la fesse fière », il y a Lars Jonsson le pasteur pour qui le tambour est un instrument du diable et qui appartient à la secte des laestdiens. Il y a la gentille et silencieuse Berit et les joiks amoureux de l'oncle de Klemet. Il y a Henry Mons le collectionneur parisien auprès de qui Nina va se rendre pour recueillir quelques informations sur le tambour dont personne n'a jamais fait la moindre photo, il y a André Racagnal, géologue français et personnage maléfique qui mène une étrange quête et surtout Aslak mi-homme, mi-bête, le dernier sur la « vidda à castrer les rennes avec les dents » et qui a la réputation d'être assez impressionnant et semble doté d'une résistance hors norme et  sa femme qui  atteinte d'un mal étrange  lance des cris qui vrillent l'âme. Dans ce milieux rude et machiste  vivant au rythme de l'élevage des rennes et où le soleil revient timidement après 40 jours de nuit polaire, nous suivons l’enquête de Nina et Klemet sur la toundra de la Laponie centrale.
 J'ai beaucoup aimé ce thriller que je n'ai pas pu lâcher jusqu'à la fin. L'écriture est fluide et l'énigme est bien charpentée ce qui permet de suivre l'histoire avec aisance et de faire un peu connaissance avec les lapons. On quitte à regret les personnages de la belle Nina  et de Klemet qui s'emberlificote dans ses sentiments! Y aura-t-il une suite Monsieur Truc? C'est du moins ce que j'espère!
______________________
Merci au site http://www.youtube.com/user/supergnak?feature=watch pour cette vidéo d'un joik
N'étant pas spécialiste de la question, je ne sais pas s'il s'agit là d'un chant traditionnel représentatif des joiks évoqués dans le roman. En tout cas c'est une première étape pour creuser la question. Merci de me transmettre vos liens si vous possédez des informations à ce sujet.



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