Retout à Killybegs de Sorj Chalandon

Ce roman est  le Grand Prix du roman de l'Académie française 2011
En 2008 paraissait le roman Mon traître chez Grasset . Sorj Chalendon y racontait l'histoire d'un "petit français", luthier qui  allait tomber en amour avec un  pays et découvrir  sa guerre grâce à sa rencontre avec Tyron, militant et combattant  républicain Irlandais qui  allait faire son éducation politique, expliquant  ce  combat contre la présence anglaise et l'emmenant ainsi à prendre fait et cause pour cette lutte.  Les deux copains devaient se rapprocher peu à peu  au point de devenir  des amis,  des  frères. 

Au bout de vingt ans le  luthier  découvrait que son ami était un traître pour avoir collaboré avec l'armée britannique.Ce livre  s'inspirait de l'histoire de Sorj Chalandon, c'est lui qu'il a dépeint sous les traits du luthier. En réalité  journaliste, il ne voulait ni d'une enquête , ni d'un récit. Il choisit donc la forme romanesque  plus intéressante selon lui, pour traduire son propos, modifiant certains aspects, accentuant certains détails, l'âge du traître, son nom par exemple, mais conservant cependant intacte  la teneur de l'histoire. Mon traître racontait la stupéfaction du luthier trahi et son point de vue , Retour à Killybegs n'est pas une suite mais fait échos au livre précédant laissant cette fois la parole au traître et complétant l'histoire par le récit d'un piège.

Tyron Meehan  originaire de Killybegs un port de pêche au nord- ouest de l'Irlande raconte son histoire depuis sa naissance jusqu'à sa mort."L'histoire d'un homme bien, d'un ami, d'un combattant héroïque, d'un époux magnifique qui a un moment donné, baisse les bras." Ce roman pose la question de l'héroïsme: comment devient-on un héros et comment devient- on un traître?"Comment à l'heure du choix  brise -t-on ce qu'on a été."Questionne Sorj Chalandon qui déclare vouloir refermer définitivement la page irlandaise, avec la rédaction de ce livre et faire ainsi le deuil d' une  douloureuse expérience.Avec ce livre il ne prétend ni excuser ni pardonner mais partager l'expérience du traitre à sa cause à son pays à sa famille à ses amis et invite le lecteur à partager cette expérience à travers la lecture de son roman.Aprés Mon traitre, ce nouveau roman s'est imposé à l'auteur car il lui semblait que tout n'avait pas été dit.

Pour écrire ce texte  je me suis linspirée de l'entretien accorde  par Sorj Chalandon à la librairie Mollat le 8 septembre dernier.

Avis: J'ai été  profondément émue pas ce livre .  Une fois entamé, j'ai du le lire d'une traite.Tout comme pour Mon traître, ce roman marque la rentrée littéraire.L'histoire mêle petite et grande Histoires,tout en posant de nombreuses questions existentielles.C'est un incontournable de la rentrée à ne pas rater!  Ce récit historique relate des évenements trés durs mais il y souffle  une profonde humanité.D'une grande tenue, il est palpitant. On ressent  cette urgence lancinante, ce besoin de retrouver l'humain sous le poids des actes, des souffrances, des humiliations. mêlée parfois à  des pépites de beauté littéraire. Bouleversant.                                                  

Extrait:" J'ai de la fièvre. Le jour tarde. J'attends toujours ce lambeau de clarté. J'ai froid de mon pays, mal de ma terre. Je ne respire plus, je bois. La bière coule en pleurs sur ma poitrine. Je sais qu'ils attendent. Ils vont venir. Ils sont là. Je ne bougerai pas. Je suis dans la maison de mon père. Je les regarderai en face, leurs yeux dans les miens, le pardon du fusillé offert à ses bourreaux. 

Mon Dieu maman, aide-moi.

J'ai tellement peur..."    

                                                                      

Ce livre faisait partie de la dernière sélection du Goncourt

Lien vers la présentation de l'auteur des Éditions Grasset ICI