dimanche 8 mai 2011

Rencontre avec l'écrivain Lionel Salaün




Le livre

Présentation éditeur
Jim Lamar ? « Quand je dis que c'est pas lui, je veux dire que c'est plus lui. » Voici le commentaire qui accueille après treize ans d'absence le revenant, le rescapé de la guerre du Vietnam. Un pays dont on se soucie peu ici à Stanford : l'interminable Mekong est si loin du boueux Mississippi... Et le retour tardif de Jim - Saigon a été abandonné depuis de longues années par les troupes américaines - n'est plus souhaité par personne. Son intention de se réapproprier la ferme familiale, objet de toutes les convoitises, et ses manières d'ermite dérangent tout le monde. Tout le monde, à l'exception du jeune Billy qui, en regardant et en écoutant Jim le temps d'un été, va en apprendre bien plus sur les hommes que durant les treize années de sa courte existence.
Dans la sélection du Prix du Télégramme et du Prix Cezam

L'auteur 


Lionel Salaün est né en 1959 à Chambéry, où il vit. Pour consacrer l'essentiel de son temps à l'écriture, il enchaîne les petits boulots - magasinier, fabricant d'aquariums, pêcheur de sardines à Sète, ou encore photographe. Passionné de géographie, amateur de blues et de cinéma américain, il a choisi de camper son premier roman sur les rives du Mississippi ■


La rencontre

La librairie Dialogues de Morlaix recevait  jeudi  dernier Lionel Salaün pour son livre Le retour de Jim Lamar actuellement en lice dans deux prix littéraires: le Prix Cezam et le Prix du Télégramme.
Un premier  abord  sympathique puisque l'auteur s'approche souriant, vêtu sobrement d' un t- shirt noir, il fait chaud en cette fin d'après-midi dans la librairie morlaisienne  où une quinzaine de personnes sont  rassemblées pour  assister à la rencontre.
En le voyant je ne suis pas surprise, je me dis même que Billy ça pourrait-être lui en quelque sorte.On sent l'homme fraternel, simple qui ne s'encombre pas d'inutile. Il écrit nous dira-t-il parce qu'il ne peut pas faire autre chose ni autrement.Et il écrit depuis longtemps même si ce roman est le premier publié. On imagine les doutes qu'il a du affronter au cours des années passées à envoyer ses livres aux éditeurs. Tous les principaux éditeurs, dit-il.
Heureusement qu'il n'a pas abandonné pour notre plus grand plaisir de lecteur. Et plus encore il a l'air serein , même  lorsqu'il raconte cette anecdote.Un jour il fit lire un de ses romans précédents dont il était  assez fier a un de ses proches qui lui  adressa ce commentaire en matière d'encouragement :c'est pas mal, mais c'est pas du Duras!
Alors que Monsieur Salaün sache que même s'il travaille à droit à gauche,actuellement comme aide géomètre si j'ai bien compris, nous ses lecteurs pensons que  l'écriture ,c'est son domaine et sa vrai identité. Même s'il ne peut pas encore vivre de sa plume. Le livre à été publié d'abord à 5000 exemplaires ce qui est plus que correct puisque la plupart des premiers romans tournent autour de 1000 exemplaires. Une nouvelle réédition de 1000 exemplaires fut lancée cet hiver et peut-être bientôt une nouvelle encore.
Si son nom sonne breton c'est à Chambery qu'il vit, dommage pour les amateurs de folklore local!
Géraldine Delauney ouvrait la séance en questionnant sur le choix des  État Unis pendant la guerre du Vietnam pour planter le décor de son roman. L'auteur expliquait que s'il n'avait jamais été en Amérique  ce pays était devenu une passion au travers de l'intérêt qu'il porta d'abord à la musique blues.En s'immergeant" totalement dans ce genre musical, il enrichit ses connaissances sur le pays.Au-delà de ses habituels clichés,il découvrait  en particulier l'Amérique rurale   bien différentes des représentations que s'en font souvent les européens,
C'est donc tout naturellement que cette toile de fond s'est imposée à lui  apparaissant cohérente pour situer son histoire.Quand à la guerre du Vietnam il s'agissait d'un des conflit ayant marqué les consciences de  toute une génération au delà des frontières nationales. Ainsi cela permettait d'ancrer son histoire dans une période  aux dimensions internationales.
Pourtant la description du front et de ses atrocités n'est pas centrale , même si  la guerre détermine toute l'histoire.C'est  plutôt aux destins de  personnages tels que Billy 13 ans fils d'une famille pauvre et Jim géant bourru, vétéran du Vietnam qu'il préfére  s'attacher.Le dialogue  entre les deux personnages va être source de transfiguration ,de rédemption. comme le fait remarquer une lectrice présente.
Billy va  émerger vers un autre destin que celui auquel il était naturellement promis de part ses origines. L'auteur souligne ainsi l'importance des rencontres et des expériences qui peuvent changer une vie! On sent  bien-sûr à quel point cette trame  initiatique est chère à l'auteur qui nous confie  qu'au fil  des rencontres avec ses lecteurs,  certains aspects de son écriture lui apparaissent avec plus d'acuité.Ainsi il réalisé sa proximité  avec Billy lui même proche de Jim. Attiré au même âge  que Billy vers ce qui était différent,  extérieur à ce qu'il n' avait pas l'habitude de connaître dans son environnement .

Une nouvelle question sur les descriptions des paysages  permettait ensuite de mettre l'accent sur un des  aspects essentiels du livre, la description très convaincante   de la campagne aux environs de Standford et des rives du Mississipi d'autant plus que l'auteur n'a jamais mis les pieds en Amérique. Lionel Salaun de raconter cette anecdote sur cette lectrice qui elle connaissait les États Unis et le félicitait pour le réalisme du  paysage  avec juste une petite réserve:il parait qu'il n'y a pas de brume sur le Mississipi!!!
Un lecteur faisait ensuite justement remarquer  le  rythme de l'écriture.L'auteur précisait d'ailleurs qu'il écoutait  beaucoup de musiques en écrivant. Du Blues bien sur et du jazz actuellement.
Enfin concernant  sa technique d'écriture Lionel Salaün nous expliquait qu'il avait essayé de suivre un plan, mais que  cela ne  l'intéressait  pas d'écrire ainsi car une fois  ainsi balisée  il n'arrivait plus à rien. Il lui faut donc partir à l'aventure et attendre que l'histoire s'impose petit à petit. en écrivant  au fil de la plume.

En réponse à ma  question sur son prochain livre,Lionel Salaün expliquait qu'il s'était attelé à deux début s de  romans dont un qui se déroule en France.Au fur et à mesure l'un d'eux eux devant s'imposer sur l'autre . 
Au cours de la séance de dédicace je  faisait remarquer à l'auteur que j'aimais tout particulièrement le passage ou Jim réalise qu'il n'est pas à sa place chez Elena.Il semble qu'il s'agisse également du passage préféré de son éditrice. Je ne résiste donc pas au plaisir de vous citer ce court extrait en matière de conclusion et pour vous donner envie de lire ce très beau roman sur la fraternité et l'amitié.

Extrait " Cette peau, Chet l'avait laissé en partant pour le Vietnam.Depuis, elle gisait,comme suspendue à la patère de l'entrée, désespérément inutile. Personne n'osait y toucher, accablé à l'idée qu'elle ne servirait  jamais plus, et dans le même temps cruellement conscient qu'il faudrait bien un jour,plus tard la ranger,soigneusement pliée dans du papier de soie, à l'abri de la lumière et de la poussière,dans le placard de la mémoire.."






Les lien vers les  acticles de presse sur Le retour de Jim Lamar :
Le magazine littéraire ici
Télégramme ici
Télérama ici


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