Ce que j'appelle oubli

Titre:Ce que j'appelle oubli

Auteur:Laurent Mauvignier

Thème:Librement inspire d'un fait divers survenu à Lyon en 2009,cette fiction raconte les dernières heures d'un homme passé à tabac par des vigiles parce qu'il avait volé une bière dans un supermarché.

Avis:Ce court roman est  écrit comme un halètement ,sans point. C'est une longue phrase composée comme un dernier soupir ou un râle en quelque sorte. Une lecture austère certes, mais c'est aussi le rôle des écrivains que de nous gratter là où ça fait mal pour nous pousser à la réflexion Le narrateur parle au frère de la victime car son adresse était la seule retrouvée sur lui. Il raconte la violence imbécile et gratuite avec laquelle ces hommes se sont acharnés.  Le constat est impitoyable d'autant que  victime  et  bourreaux faisaient partie du même monde et qu'ils auraient pu être copains de bistrots ou amoureux des mêmes filles. Le lynchage se déroule près du magasin où les mères de famille font leurs courses ce qui rend la scène d'autant plus insoutenable. La dénonciation la plus éclatante s'adresse  à ceux qui  ressassent cette phrase:" mourir pour une bière c'est absurde"Alors qu'en soi il est inadmissible que des hommes se croient autorisés à frapper à mort quelque soit la nature du vol. C'est un livre puissant car il ne stigmatise pas une catégorie d'individu, il s'interroge sur  un climat général  qui génère cet oubli de la primauté de l'humain  au point que la violence soit en quelque sorte légitimée par un système. Laurent Mauvignier  rappelle encore une fois  que  la barbarie est aussi le propre de l'homme et qu'elle fait partie de notre quotidien comme dans son précédent livre Dans la foule  La qualité de ce livre réside aussi  par l'évocation de la vie de l'homme, loin de tout pathétique. Cette vie  humble sans doute mais une vie  belle et bonne  avec ses moments de plaisir et qui s’achève trop tôt par cette litanie :"pas maintenant, pas maintenant!"