Titre: L'homme qui descend des montagnes
Auteur: Abdelhak Serhane
Thème: Au Maroc dans les année 1950, un jeune garçon d'environ cinq ans vit auprès d'un père tyrannique, d'un frère haineux, élevé dans l’idée de la supériorité de l'aîné et d' une mère effacée et croulant sous le poids de grossesses à répétition. Nous sommes dans le Haut-Atlas et cette famille pauvre d'un village arriéré semble venir du fond des âges. A l'école coranique, la moindre hésitation se paye par des coups relayés dés le retour par ceux du père. Peu d'espoir donc dans l'univers du jeune garçon qui peine entre trois langues : l'arabe qu'on parle à la maison, celui de l'école coranique et le français de la jolie institutrice aux belles jambes blanches. Les coups pleuvent là encore. Le déclic viendra pourtant un jour à force coup de rages accumulées et en partie à cause d'une promesse du père dite sous forme d'humiliation. Il y a malgré tout quelques moments de grâce: les sursauts de rébellion de sa mère, l'amitié, et les contes que raconte sa grand-mère par exemple.
Avis: Autour d'une série de tableaux largement inspirés de sa propre histoire, l'auteur dresse un portrait au vitriol de la société marocaine et de son enfance désastreuse. La fin du livre à la gloire de sa mère est particulièrement poignante et l'ensemble du récit est bouleversant. La violence que subissent les enfants et la mère sont à peine croyable, quelle leçon de vie et quelle énergie ( est-ce celle du désespoir ? ) il faut pour se sortir de tout cela sans devenir totalement psychopathe ? On pense à Boris Cyrulnik et à son concept de résilience. Je conseille chaleureusement la lecture de ce livre, même si j’émettrais quelques toutes petites réserves sur la construction du récit. La juxtaposition des petits récits m'a parfois un peu gêné. J’aurais aimé voir grandir le personnage. Mais peut-être cela fait-il l’objet d’un autre livre.
Extrait:
" Si Hmad leva sur moi ses yeux rougis par le kif et me dit entre deux gorgées de thé que le conte est une histoire qui est en chacun de nous .Il suffit de savoir le chercher au fond de soi et de suivre ses pérégrinations. Le conte n'est pas une simple histoire que l'on raconte pour passer le temps ou pour plaire aux autres, mais un morceau de vie qui nous colle à la peau et nous poursuit tout le temps. Le conte, finit-il par dire c'est le rire de la vie et le chemin de la connaissance.
Je compris à ce moment là que je deviendrais artisan des mots ou magicien de la parole. Toute ma vie j'allais chercher ces mots qui me harcelaient, m'hallucinaient, me poursuivaient jusque dans mon sommeil et me lançaient à la recherche de mes semblables, là où la rencontre de l'autre donne un sens à la vie et au don de soi".
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